Le Mobility Manager est un métier émergent dans les organisations, conforté par les évolutions récentes dans les mobilités au travail, en termes de diversification des pratiques et d’avancées législatives. A l’heure actuelle le Mobility Manager est fortement mobilisé sur des préoccupations budgétaires, environnementales, et doit faire face aux nécessaires adaptations liées à la crise sanitaire. Mais quel est son profil, quels peuvent être ses rôles dans l’organisation, quelles sont ses missions, et quels sont les moyens à sa disposition ?

Qu’est-ce qu’un Mobility Manager ?

Commençons par quelques notions et définitions pour mieux cerner le rôle du mobility manager.  Nous partons du principe que le mobility manager est la cheville ouvrière du management de la mobilité dans son établissement !

De façon générique, le management se définit comme l’ensemble des moyens techniques et organisationnels mobilisés et pilotés par une personne ou un groupe de personnes pour assurer la meilleure efficacité d’un processus. Le processus auquel nous faisons référence concerne la mobilité au travail.

La mobilité revêt une définition très large, voire parfois ambiguë. En effet, la mobilité professionnelle, lorsqu’elle est évoquée, suscite plusieurs interprétations. Celle à laquelle nous faisons référence ici concerne les déplacements des personnes :

  • du domicile au lieu de travail, au moment de la prise de poste et à la pause méridienne, 
  • dans le cadre de l’activité professionnelle, que ces déplacements soient occasionnels ou récurrents. 

Le management de la mobilité s’applique donc à rendre efficientes les mobilités liées au travail.

La définition officielle disponible sur le site du gouvernement français précise : « Le management de la mobilité renvoie à diverses stratégies visant à changer les comportements de mobilité (comment, pourquoi, où et quand les personnes se déplacent), afin d’améliorer l’efficacité des systèmes de transport et d’atteindre certains objectifs spécifiques, comme la réduction de la pollution atmosphérique ou des nuisances sonores. »[1]

En Wallonie, cette définition est connue et reconnue depuis le début des années 2000 : le coordinateur du management de la mobilité est incarné par le Mobility Manager. [2]

Rôle, missions et outils du Mobility Manager

Mais quel est le rôle du Mobility Manager, quelles sont ses missions et les outils dont il dispose pour manager la mobilité dans son organisation ?

Le Mobility Manager a pour mission de travailler sur les mobilités des collaborateurs. C’est sa première cible. Mais il peut également étendre son périmètre d’action aux mobilités des autres usagers : clients, étudiants, administrés ou partenaires si leur présence revêt un impact significatif. Il étend donc son rayon d’intervention avec comme objectif d’être influenceur.

Son périmètre, c’est celui des mobilités liées à l’activité de son organisation. Les mobilités en question dépendent donc de l’activité et des besoins de mobilité nécessaires au bon fonctionnement de l’établissement. Elles peuvent se limiter géographiquement à un périmètre local, avec une mobilité quotidienne du lieu de travail au lieu de prise de poste. Elles peuvent s’étendre à l’international pour une partie des collaborateurs, toujours en lien avec l’activité de l’entreprise.

Enfin, sa mission est directement liée aux prérogatives de son organisation et aux objectifs qui lui sont assignés. Il a pour mission de réduire les coûts de la mobilité, que ce soit dans le registre financier, le registre environnemental ou encore d’un point de vue sociétal ou sécuritaire par exemple. La priorisation des objectifs sera essentielle pour qu’il puisse définir une stratégie adaptée.

Définir une vision stratégique des mobilités

Le Mobility Manager n’est pas seulement un régulateur de coût et de performance financière, il n’a pas pour mission unique d’assurer le suivi comptable des mobilités (enregistrement et suivi des frais de déplacements, optimisation de la flotte de véhicule, etc.). Le Mobility Manager définit une vision stratégique des mobilités, en conciliant les impératifs de l’entreprise et la recherche d’une meilleure qualité de vie au travail pour les collaborateurs.

Pour y parvenir, le mobility manager devra :

  • connaître ses objectifs (« lettre de mission » clairement formulée)
  • disposer de moyens clairement attribués (poste défini, ingénierie, temps, etc.)
  • travailler en étroite collaboration avec les différentes instances, services et directions de son établissement (prise en compte de leur travaux, collaboration pour le portage et la mise en œuvre des actions, etc.) : la direction, les ressources humaines, les services généraux, RSI, la communication, les achats, les services HQSE notamment seront mobilisés aux côtés du Mobility Manager.
  • travailler au plus près des salariés, s’il en a la possibilité (la proximité permettant d’assurer un travail d’accompagnement au changement).

 Le Mobility Manager dispose d’outils lui permettant d’élaborer sa stratégie mobilité : le plan de mobilité employeur est l’un des plus adapté et efficient pour prendre en compte tous les aspects des mobilités au travail et identifier les marges d’amélioration. Il inclura une étude de flotte, la politique voyage, les politiques RH…Les missions du mobility manager

Le profil du Mobility Manager

Le mobility manager est à la fois un stratège et un opérationnel ! Quel est son profil ? Comment s’y prend t-il concrètement ?

Il peut être gestionnaire de flotte : il assure la gestion des véhicules de l’entreprise, voitures de service, voitures de fonction et engins professionnels et porte le nom de fleet manager. Il peut être responsable voyage, le travel management qui gère l’activité voyage et déplacement de l’entreprise. Il peut aussi avoir la double fonction de fleet manager et travel manager (ce qui est moins courant) !

Mais son profil n’est pas obligatoirement celui d’un gestionnaire de flotte ou de voyage, il peut également être investi au sein de son organisation dans le développement durable ou encore la responsabilité sociétale de son organisation (RSE/RSO). Le Mobility Manager assure un rôle transversal dans l’entreprise et est à l’écoute des différentes parties prenantes. Il doit bien connaître son entreprise, la diversité des missions et métiers représentés, l’organisation générale et les axes stratégiques de son établissement. Il va permettre d’éclairer les décisionnaires sur l’orientation à prendre pour assurer l’efficience des mobilités au travail et va définir les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs définis. Il va contribuer à leur mise en œuvre, soit directement en assurant le pilotage soit en coordonnant ou déléguant le déploiement des actions. En effet, la finalité de sa mission sera de mettre en place des mesures qui influenceront durablement les mobilités pour en réduire les externalités négatives. Il veillera donc au suivi dans le temps des résultats de sa stratégie mobilité.

 Exemples de missions du Mobility Manager

Le mobility manager va travailler sur la mobilité, selon le périmètre qu’il aura défini. Quelques exemples concrets de missions qui pourront lui être attribuées :

Réguler la politique flotte. Le Mobility Manager va travailler en étroite collaboration avec le gestionnaire de flotte, les collaborateurs et le service des ressources humaines pour :

  • faire évoluer le parc de véhicules en conformité avec la réglementation (obligation de verdissement confortée par la Loi d’Orientation des Mobilités de décembre 2019), 
  • améliorer le TCO, 
  • favoriser l’évolution des pratiques modales en travaillant sur la Car Policy et la diversification des dispositifs pouvant faire évoluer le recours au véhicule de fonction.

Réduire les impacts financiers et environnementaux de la mobilité quotidienne. Pour cela, une première étape sera d’évaluer et de décrypter ces impacts et leur progression, d’identifier les marges d’amélioration et les leviers, de mettre en place des indicateurs. Un travail qu’il pourra mener en appui sur les ressources internes ou en externalisant pour partie la démarche et en assurant le cadrage et pilotage.

Assurer un travail partenarial, après avoir identifié une ou des pistes d’amélioration des mobilités (demande interne ou étude des mobilités des collaborateurs) avec : 

  • les instances publiques (monter une ou des demandes de financement ou d’amélioration des conditions de desserte auprès des autorités publiques compétentes),
  • les pairs localisés, sur le même secteur géographique et impulser une dynamique locale sur le thème de la mobilité (rencontre, partage d’expérience, mutualisation, etc.),  
  • à l’échelle entreprise ou groupe, coordonner l’action en faveur de l’éco-mobilité.

Le rôle du mobility manager, sa mission et son positionnement dans l’établissement sont donc des préalables essentiels, pour définir et octroyer les moyens nécessaires à l’exercice de sa fonction.

Céline Billard, Cheffe de projet planification de la mobilité, Iter

Cette publication a bénéficié d’une aide financière de l’ADEME, néanmoins les propos n’engage que la responsabilité de l’auteur.

[1] Source : https://www.ecologie.gouv.fr/management-mobilite

[2] Source : https://www.mobilite-entreprise.be/index.php/mobility-management/

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