Connaître les émissions directes et indirectes d’un territoire permet de mieux comprendre le fonctionnement de ce territoire ainsi que le champ d’actions à mettre en place pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.  Agir sur les émissions indirectes est d’autant plus important que cela permet de redonner de l’autonomie au territoire… Nous abordons ici le sujet autour de 4 questions.

Cet article constitue la suite de l’article « Collectivités : comprendre les émissions GES du territoire en 5 questions » qui avait pour objectif de définir les concepts et le vocabulaire utilisés.

1/ Maintenant que nous avons compris ce que recouvrent les différents termes et les différentes notions, que nous disent les émissions directes ? Quelles actions permettent-elles de déclencher ?

Au sein d’un territoire, les émissions directes vont cartographier et caractériser les émissions directes d’un territoire : les tonnes de CO2 émises par les  systèmes de chauffage, l’habitat, les transports des personnes sur le territoire ou les différentes activités économiques se déroulant sur le territoire, qu’il s’agisse des services, de l’agriculture, de l’industrie ou du tertiaire.

Les émissions directes peuvent nous renseigner sur la qualité moyenne de l’isolation des logements, la dépendance à la voiture des habitants du territoire, les secteurs économiques les plus polluants…

Les émissions directes vont nous permettre de prioriser nos actions pour savoir là où nous aurons le plus d’impact.

Il convient d’analyser les volumes d’émissions au moyen d’indicateurs pertinents. Par exemple les émissions liées au chauffage des logements sont à analyser en fonction du nombre d’habitants sur le territoire, les émissions liées à l’agriculture en fonction du nombre d’agriculteurs ou d’hectares cultivés…

A partir de ces données par secteur, un territoire saura prioriser son plan d’actions : lancer un programme de rénovation de l’habitat, mettre en place des moyens de transport alternatifs, agir avec les acteurs industriels ou les agriculteurs du territoire ….

2/ Même question pour les émissions indirectes : que nous disent-elles ? Quelles actions permettent-elles de déclencher ?

Les émissions indirectes mettent en évidence les gaz à effet de serre  produits en dehors du territoire mais nécessaires à son fonctionnement et à la consommation de ses ses institutions, entreprises, habitants, organisations diverses. Elles identifient notamment la dépendance du territoire en termes de produits alimentaires, de biens matériels, et d’énergie.

Les mettre en évidence permet de travailler sur différents axes.

Par exemple il pourra être intéressant de croiser les volumes d’émissions importées avec les données économiques du territoire. Cette analyse peut conduire, à terme, à relocaliser certaines productions et ainsi à réduire le risque de dépendance. Cette réflexion menée avec les acteurs économiques et sociaux peut porter sur des services clés, l’énergie, les matériaux de construction, l’équipement des centres de soin, etc.

Des réflexions peuvent être menées à l’échelle du territoire pour redonner sa place à une production alimentaire locale en circuit court et de bonne qualité. Le développement d’une filière biologique et/ou de circuits de proximité dans la restauration collective et principalement les cantines scolaires peut insuffler le développement de ces pratiques localement.

Parmi les leviers d’actions du territoire pour réduire sa dépendance extérieure (alimentation, biens et services…), l’économie circulaire mérite d’être valorisée. De fait le recyclage, le réemploi, la réparation, le troc ou la location plutôt que l’achat, présentent de multiples avantages : réduction à la dépendance extérieure, économie de moyens, stimulation des liens sociaux, enfin, développement de l’emploi local.

Le territoire sera alors moins dépendant vis à vis de l’extérieur et plus résilient.

3/ Nous avons bien compris l’intérêt des émissions indirectes mais dans la mesure où elles ne sont pas demandées dans le diagnostic réglementaire, est-ce que cela vaut réellement la peine de les quantifier ? Quel est l’intérêt et, surtout, comment le faire à un coût acceptable ?

On peut présenter un bilan du territoire comprenant les émissions directes et les émissions indirectes séparément.

Les émissions indirectes pèsent fortement sur le bilan d’un territoire au regard de tous les biens importés pour satisfaire la production de biens et services et la consommation des habitants. Travailler sur ces émissions permet également de répondre à des enjeux de santé publique au travers d’une meilleure alimentation, mais aussi à des problématiques d’emploi, en développant de nouvelles activités économiques sur le territoire, en relocalisant une partie de la production alimentaire, en développant l’économie circulaire.

On peut également se référer à une moyenne nationale pour identifier rapidement ces émissions à moindre coût. Cependant quelle que soit la méthode retenue, l’un des objectifs principaux est de faire preuve de pédagogie pour faire évoluer les comportements des habitants (modes de consommation et d’alimentation, déplacements et notamment le tourisme).

4/ Pouvez-vous citer des outils de calcul de Bilan GES territorial adaptés ?

La méthode Bilan Carbone® développée par l’ADEME puis par l’Association Bilan Carbone permet d’identifier et de classer rapidement les postes d’émissions directes et indirectes. Elle permet par ailleurs de quantifier les émissions de gaz à effet de serre sur la base de facteurs d’émissions précis. Cette méthode a l’avantage d’être internationalement reconnue, ce qui permet d’établir des comparaisons entre différents acteurs (même si l’exercice est délicat).

Des logiciels spécifiques pour certaines régions permettent également de quantifier les émissions de gaz à effet de serre d’un territoire. En voici deux :

 

Travail collaboratif réalisé par :

Magaly Pennequin, co-gérante de JPC Partner

Charles-Adrien Louis, co-gérant de B&L Evolution

Jean-Luc Manceau, gérant de Climat Mundi

A lire également

Cet article est le deuxième d’une série consacrée aux émissions indirectes du territoire. Voici les 3 autres articles :

Leave a Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.