Quels objectifs de réduction de CO2 pour votre entreprise ? Comment interpréter les résultats de vos actions sur le Bilan Carbone® ? Quand parler de neutralité carbone si vous faites des actions de compensation ? Voici trois conseils qui répondent à ces interrogations.
Comment se fixer des objectifs de réduction de CO2 réalistes et ambitieux ?
Se fixer des objectifs de réduction de CO2 est un point essentiel de votre stratégie climat. Seulement, il peut parfois être difficile de savoir où placer le curseur ! Pour fixer des objectifs de réduction de CO2 réalistes et ambitieux, il est important d’impliquer tous les acteurs de l’entreprise, ainsi que les parties prenantes.
Le plan d’action doit être co-construit avec les responsables de services concernés. Quand on est impliqué dès l’émergence d’une action, on est généralement moteur pour la voir se concrétiser.
Le plan d’actions doit :
- Intégrer les actions passées, en cours et à venir pour valoriser tous les efforts.
- Consolider les différents plans d’actions présents dans l’entreprise : énergies et fluides, investissements, système de management, R&D, emballages, réduction des déchets, … puisque toutes ces thématiques peuvent avoir des bénéfices pour le Bilan Carbone®.
Le plan d’actions doit ensuite être challengé : faisabilité technique, simulation économique, risque à mettre en place l’action ET risque à ne pas mettre en place l’action, acceptabilité client, échéancier, innovation, niveau de réduction de CO2 attendu sur l’impact global, coût de la tonne de CO2 évitée, externalités positives…
Comment faire le lien entre les actions réalisées pour réduire les GES et les hausses ou baisses des émissions constatées dans le Bilan Carbone® ?
Tout d’abord, la comparaison des résultats du Bilan Carbone® sur la variation d’émissions de GES se fait de manière interannuelle : analyser les résultats obtenus sur une échelle de temps plus courte ne serait pas significatif. Ensuite, l’interprétation des données récoltées dans le Bilan GES d’une année à l’autre par rapport aux actions entreprises doit être réalisée avec prudence. Les points de vigilance à avoir lors de l’interprétation d’écarts perçus :
- Les périmètres organisationnels et opérationnels ont-ils changé ?
- A-t-on utilisé la même méthodologie et la même version de l’outil Bilan Carbone® ?
- Certains facteurs d’émissions ont-ils évolués ?
Si vous répondez oui à une de ces questions, une analyse des écarts liés à ces questions doit être faite avant d’associer des réductions ou augmentations à des actions réalisées.
En ce qui concerne les réductions de CO2, le suivi annuel du plan d’action de GES permet de connaître les actions mises en place et le niveau de réalisation (10%, 50%, 100%). Chaque action est quantifiée pour évaluer les gains de CO2 associés. Ainsi, ils permettent d’interpréter une partie des écarts inter-annuels.
Enfin, les hausses de CO2 peuvent être liées :
- A l’augmentation d’activité, c’est pourquoi il est important de suivre son intensité carbone en valeur absolue (TCO2) et en valeur relative (TCO2/unité de production).
- A une moins bonne efficacité annuelle, qui peut être expliquée par des facteurs internes (ex : nouvelle ligne de production) ou externes (ex : météo).
- A la répercussion d’une action de réduction mise en place sur un autre poste.
Compensation carbone : à quel moment peut-on parler de neutralité carbone ?
Si votre entreprise est investie dans un programme de compensation carbone tel que la plantation d’arbres, vous souhaitez certainement savoir combien ces arbres stockent de CO2 chaque année et les conditions pour pouvoir parler de neutralité carbone.
Sachez que la compensation carbone répond à des règles très strictes :
- La mesurabilité : les émissions de GES évitées doivent être comptabilisées sur la base d’une méthodologie validée par un tiers indépendant.
- La vérifiabilité : un auditeur indépendant vérifie annuellement les économies de GES réalisée sur le projet.
- La permanence : les émissions de GES doivent être évitées pendant au moins 7 ans.
- L’additionnalité : le projet doit permettre d’éviter des émissions de GES par rapport à une situation de référence. Le porteur du projet doit également prouver que sans le revenu issu de la vente des crédits carbone, son projet n’aurait pas pu être mis en œuvre.
Ainsi, l’organisme auquel vous faites appel doit pouvoir vous fournir un certificat de compensation vous indiquant combien de carbone est stocké grâce aux arbres plantés.
Pour pouvoir parler de neutralité carbone, il faut être très attentif au périmètre sur lequel on souhaite communiquer. On parle de neutralité carbone pour une activité ou un produit 100% compensé. Ainsi, il est nécessaire d’être transparent sur le périmètre organisationnel étudié, la méthode de comptabilisation des émissions, les scopes et postes pris en compte.
Fanny Pénet, directrice des opérations et responsable du pôle carbone chez O2M Conseil
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