La notion de justice climatique est apparue dès l’ouverture de la COP 21. Cette notion vise à préserver le droit à tous à un environnement sain, et surtout, à préserver les plus vulnérables des impacts du changement climatique. Bien que les lois prennent des mesures pour limiter le réchauffement à 2°C, nous pouvons d’ores et déjà nous rendre compte que des impacts irréversibles existent et notamment chez les plus démunis.
Saul Luciano Lliuya, paysan péruvien dont le village se trouve au pied d’un lac alimenté par un glacier, accuse une entreprise voisine, faisant partie des géants de l’industrie fossile, d’être directement responsable de la fonte du glacier et donc de la montée des eaux du lac.
Partant du principe réel que si le glacier était amené à brusquement fondre à cause de ce réchauffement, ce serait les habitations de plus de 35 000 personnes qui seraient « balayées par une vague ». Ainsi, pour se protéger, il souhaite l’installation d’une digue et d’une pompe pour faire baisser le niveau du lac. Seulement, les frais avoisinant les 3,5 millions d’euros, Saul Luciano Lliuva demande à ce que les responsables de ce changement climatique en payent une partie.
Preuve que la justice climatique a encore du chemin à faire, sa demande a été rejetée malgré le caractère urgent et moral de l’affaire. En cause : la difficulté à prouver la responsabilité de l’usine et le lien entre le dommage subit et son activité. Les avocats des représentants de l’usine disent ne pas être les seuls responsables de la pollution et c’est cette défense récurrente qui suffit à ce qu’aucun cas similaire n’a été résolu jusqu’ici.
« Plus nous sommes nombreux à polluer, moins nous en sommes responsables »
C’est bien là la réalité de l’effet de groupe. En attendant, cela retarde à trouver des financements pour des aménagements qui n’auraient pas lieu d’exister sans leur activité, et qui doivent se construire sans attendre.
Le risque d’un creusement des inégalités est donc réel, et nous ne parlons pas seulement d’amélioration de la qualité de l’air, mais bien de survie dans de nombreux cas.
L’objectif de la justice climatique est de tout faire pour que le réchauffement n’accroisse pas les inégalités, mais au contraire aide à en atténuer les conséquences. Le droit international s’appuie sur plusieurs principes qui peuvent servir de fondement à la justice climatique. Les États ont l’obligation de prévenir, réduire ou contrôler les dommages à l’environnement et les activités réalisées sous leur juridiction ne doivent pas y porter atteinte.
Philippine Gueguen – Ekodev